Le lendemain,
9 décembre 1998
Falls Church, VA
Bureaux du JAG.
8h00, GMT
" Vous êtes
bien matinale Colonel, aujourd'hui. "
" Eh, oui, Tiner. Il y a des jours comme ça. "
" Je vous offre un café Madame ? "
" Oui, pourquoi pas ? "
Tous deux se dirigent vers la petite cuisine attenante. Les bureaux
du JAG se réveillent lentement en ce matin frileux de
décembre. Pas un bruit, seul le fax qui marche vingt quatre
heures sur vingt quatre retransmettant certaines consignes de
l'Etat Major de la Marine, ou bien les évolutions diplomaticomilitaires
de l'Europe ou de l'Asie, ou bien encore les rapports de certains
avocats du Jag échoués sur des sous marins aux
quatre coins du Pacifique ou de l'Atlantique, aux prises avec
des matelots déserteurs, amour oblige, ou encore, que
sais je
Le Jag s'éveille. Alors que Mac achevait
de boire son café, Bud arriva chantonna la musique d'X-Files,
et croyant qu'il n'y avait personne, celui ci se mit à
évoluer entre les bureaux, tenant un pistolet imaginaire
à la main, sans doute à la recherche du petit fils
de Roswell. Mac et Tiner, le guettait, cachés derrière
la porte. Quand Bud leur eut tourné le dos, Mac bondit
derrière lui en lançant un BOUH magistral, si bien
que Bud fit un bond de deux fois sa propre hauteur . Ou un peu
moins peut être. Toujours est il qu'il devint rouge écarlate,
tentant de donner une explication valable.
Mais Mac lui répondit : " Ne vous inquiétez
pas, Mulder, vous finirez un jour par tomber sur des petits hommes
verts. "
" Qu'entends - je là ? Colonel ? ne me dites pas
que le Lieutenant Roberts vous a initié clandestinement
à ses croyances paranormales ! "
" Oh Amiral ! Bonjour Amiral ! " dirent Tiner, Mac
et Bud à l'unisson, embêtés de s'être
fait surprendre en ce petit moment de détente.
" Repos vous trois " dit Chegwidden en souriant.
L'Amiral semblait de bonne humeur. Peut être avait il passé
la soirée avec sa compagne. En tout cas, une bonne journée
s'annonçait. Mac oublia pendant un instant les événements
de la veille, pour ne plus penser qu'à l'affaire qu'elle
défendait. Mais inévitablement, elle revoyait Harm
lui disant qu'il représenterait la partie adverse, et
elle se revoyait passant la nuit assise sur le canapé
à ruminer, enchaînant limonade sur limonade. Décidément
elle avait besoin de se changer les idées. Elle n'avait
aucune envie de voir Harm aujourd'hui. Elle décida donc
d'avancer d'une journée son entrevue avec Philip MacPhee
à Norfolk à bord de l'USS Patrick Henry. Elle alla
donc prévenir Tiner qu'elle voulait voir l'Amiral. Quelques
minutes plus tard, elle entrait dans son bureau. " Amiral,
je voulais vous demander l'autorisation de m'absenter aujourd'hui
plutôt que demain. "
"Colonel, asseyez vous je vous prie. Vous devez savoir que
les absences doivent être prévues minimum une semaine
à l'avance, sauf cas urgent. Pourquoi cette brusque décision?
Aurais-je manqué quelquechose? Vous m'avez pourtant confirmé
il y a deux jours que vous posiez votre journée pour le
10."
"Veuillez m'excuser Amiral, en effet je n'aurais du partir
que demain mais il se trouve que pour avancer plus rapidement
mes recherches j'aurais besoin de partir aujourd'hui sur l'USS
Patrick Henry. "
Au même instant, on frappa à la porte.
L'Amiral: " entrez"
" Bonjour Amiral."
" Bonjour Capitaine. Repos. Patientez un instant je vous
prie."
"Bon, eh bien Colonel, je vous autorise à avancer
votre départ. A dans quelques jours alors. "
Harm en entendant les dernières paroles de l'Amiral fut
on ne peut plus surpris, bien qu'au fond de lui, il savait pertinemment
pourquoi Mac avait décidé de s'absenter dès
aujourd'hui. Il la regarda tandis que celle ci saluait l'Amiral,
leurs yeux se croisèrent, et Harm y put lire toute l'amertume,
toute la peine du monde. Oui Mac souffrait et il savait que c'était
de sa faute. Si seulement il avait refusé cette affaire...
Maintenant c'était trop tard. Harm s'assit dans le bureau
de l'Amiral. Ses traits bouleversés attirèrent
l'attention de AJ Chegwidden mais celui ci par discrétion
ne voulut pas lui poser de questions.
Le même jour, 9 décembre
1998
12h03 GMT
Base de Pearl Harbour.
"Lieutenant, veuillez
me conduire à bord de l'USS Patrick Henry s'il vous plait."
"A vos ordres Colonel" répondit le Lieutenant
Jenkins chargé de la conduire de la piste d'atterrissage
jusqu'au sous marin.
Quelques minutes plus tard, le moteur de la jeep rugissait. Une
odeur d'huile semblait s'accrocher au tissu militaire qui recouvrait
les banquettes. Et de la poussière voltigeait sous les
roues mal gonflées. Mac se sentait de plus en plus mal
à l'aise, elle s'imaginait plongée jusqu'aux oreilles
dans un bon bain chaud auquel elle aurait rajouté préalablement
une délicate senteur de rose. Puis elle se mit à
imaginer le contact sensuel de la mousse dessinant les lignes
de son corps. Enfin, elle se surprit à fredonner une petite
mélodie. Elle s'enfonçait petit à petit
dans une douce rêverie dont rien n'aurait pu rompre le
charme mis à part... un crissement brutal de pneu.
Lieutenant! Conduisez moins vite je vous prie." cria-t-elle
sans doute instinctivement.
"Mon Colonel, nous sommes arrivés. Je vous présente
l'USS Patrick Henry!" lança-t-il d'une voix de stentor,
prenant son rôle de guide très au sérieux.
"Bien, je vous remercie. Faites monter mon bagage à
bord et demandez qu'on l'envoie aux quartiers du Colonel Mackenzie."
"A vos ordres."
Après s'être détendue quelques instants en
longeant le port, elle revint vers le Patrick Henry et monta
enfin à bord. Manifestement personne ne semblait averti
de son arrivée ce qui allait sans aucun doute lui compliquer
la tâche. Elle s'adressa à un matelot et lui demanda
de lui indiquer la direction du bureau de l'Amiral.
"Oh bonjour Colonel, eh bien c'est tout simple, vous descendez
au prochain escalier deux étages, vous prenez la coursive
de gauche, si je me souviens bien c'est la D 24, puis c'est tout
droit jusqu'à ce que vous voyiez flécher l'infirmerie,
alors, là, vous prenez à gauche et vous prenez
le corridor C 03, c'est au bout. Content de vous avoir renseigné."
Sans plus attendre, il effectua un garde à vous magistral
et rejoingnit ses quartiers. Intérieurement Mac se dit
qu'il avait du apprendre par coeur son manuel de bord. Apres
s'etre trompés une demi douzaine de fois, elle parvint
finalement à son but.
"Bonjour Amiral."essaya -t-elle du ton le plus assuré
possible.
"Que puis je pour vous...hum...Colonel?" répondit
un petit homme trapu cherchant son grade sur son uniforme.
"Vous m'attendiez je crois. Je suis le Colonel MacKenzie,
chargée de la défense du quartier maître
Philip MacPhee."
"Ohh, oui, biensûr." Son ton désinvolte
trahit son peu de considération pour cette affaire. Et
la façon dont il déshabillait Mac du regard depuis
son entrée dans le bureau eut raison de la patience de
celle-ci. Elle laissa échapper une réflexion quant
au caractère mysogine de certains officiers terrés
dans leur sous marins et quitta le bureau sans même se
mettre au garde à vous.
Le lendemain, 10 décembre
1998
08h05 GMT
Bureau de Harm
La sonnerie du téléphone sonnait désespérément,
Harm n'entendait rien et pour cause...il s'était endormi.
Il avait passé une nuit blanche, à resasser dans
sa tête ce qu'il aurait pu dire à Mac, du dire à
Mac l'avant veille pour la rassurer à propos du procès.
Il s'en voulait terriblement de n'avoir pas su trouver les mots.
Driinngg... Il se réveilla enfin en sursaut, les mains
moites et une goutte de sueur perlant à son front.
"Capitaine Rabb, j'écoute."
A l'autre bout du fil, il discerna difficillement une voix métallique,
inhumaine. Immédiatement, il se rappela que Palmer avait
utilisé un petit appareil électronique qui changeait
les vibrations d'une voix en des influx électriques tout
en laissant la prononciation audible. Tous ses sens se réveillèrent
et il ne laissa plus échapper un seul des mots qui lui
parvenaient.
" [...] j'espère que vous avez bien intégrés
tout cela. Car je vous le répète, ce Colonel du
JAG n'était pas censé se trouver ici mais maintenant,
elle va nous servir. Depuis hier, 14 heures 35, l'USS Patrick
Henry est aux mains de Nikita. - sa voix devenait inaudible -
Attendez les instructions."
Harm savait que Palmer était encore en prison. Ce ne pouvait
pas être lui. En plus, un détail vint abonder en
ce sens : cette personne l'avait vouvoyé, chose que n'aurait
pas faite le détenu.
La veille, 9 décembre
1998
13h30, cabine de Mac.
La pièce était
on ne peut plus sale. De toute évidence, on ne l'avait
pas préparée pour son arrivée, ce qui n'arrangea
pas l'humeur de Mac. Après avoir rangé ses effets
personnels et une pile de dossiers sur une petite étagère
de 30 cm sur 40, elle se laissa tomber sur la couchette faisant
s'envoler une montagne de poussière, et
.atchoum
! Oui, les deux jours qu'elle comptait rester ici allaient être
mer-vei-lleux. Puis elle laissa le sommeil l'envahir ayant bien
pris soin de mettre son réveil pour une heure plus tard.
Mais le destin en avait décidé autrement. A 14h15
précisément, un bruit sourd résonna à
sa porte. Elle se réveilla en sursaut, passa une main
rapide sur son uniforme tandis que l'autre remettait à
sa place une mèche rebelle. Mais, elle n'eut pas le temps
de se diriger vers la porte que deux hommes avaient déjà
envahis la pièce. Armés de pistolets, l'un l'empoigna
par le bras tandis que l'autre lui plaquait sur la bouche un
sparadrap marron de ceux qu'on attache les cartons.
Ce même jour, 9 décembre 1998.
16h00, cale du sous-marin.
Après l'avoir oubliée
pendant presque deux heures au fond de la cale où ils
l'avaient délicatement jetés, deux des terroristes
vinrent la chercher. Celui qui semblait être le plus important
prit la parole :
" Colonel, on ne nous avait pas prévenus de la présence
d'une femme à bord, et nous sommes désolés
que vous ayez à vivre tout ceci. Cependant, cela ne change
rien. L'USS Patrick Henry est depuis 14h35 aux mains de Nikita.
Nous informerons demain quelques autorités américaines
le temps que nous soyons en pleine mer."
Mac n'eut pas la force de répondre quoique ce soit. Elle
était tétanisée.
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